Aphrios... Aphrios... Tu t'es encore perdu ?
Une question sourde qui excite un regard hagard, perquoi ? Un hochement de tête perplexe, brume qui envahie ta tête alors que ru discernes enfin le visage de cette voix qui s'adresse à toi. Tu ne comprends pas, alors que tu te redresses, les mains pleine de terre et le cœur lourd de cette interruption grossière. Une réponse qui se distille dans la brume de ton esprit drogué, non tu ne t'es pas perdu, tu savourais.

Ah Aphrios, carcasse que la terre a choisie dans ta magie, pieds nus foulant le sol pour s'en imprégné, connecté à la terre et cette nature que tu as toujours adulé. Déconnecté junkie qui recherche l'évasion, pistes de réflexions alors que la drogue est comme un carburant pour ton corps qui malgré toutes tes essaies ne parvient pas à se désancrer de ce sol que tu ne peux quitter. Un regard aussi vif qu'il peut-être paumé alors que ta tête est comme un ciné, que les pensées fusent tel des éclairs pour ne jamais s'arrêter, appétit insatiable d'une curiosité inarrêtable de celui qui veut tout voir, tout comprendre et tout savoir. Drame de ton âme, péril de ton histoire alors qu'aux origines de tes addictions se dresse le drame d'une perdition. Tu volais voler Aphrios, un rêve, un besoin d'expérimenter, savoir ce que ça faisait, mais pas simplement léviter, voler, dans un corps de plumes et de chaires, une érudition pour la servir, un frère pour te soutenir.

Car t'es comme ça Aphrios, t'apprends jamais de tes erreurs, la tête à moitié ailleurs, bouffé par tes envies, distrait quand il faut écouter alors que pour toi la magie et la vie ne peuvent que s'expérimenter, jusqu'à en crever. Un soir qui vu naître le coup d'essai d'une terrible mélopée, un sortilège dangereux et interdit que ta chaire t'aida à exécuter. La fin d'une fratrie et le début d'une amitié alors que depuis le corbeau accompagne tes pas de son battement d'ailes apaisant. Le début de la plongée dans les drogues pour oublier, oublier tout en continuant de chercher. Obnubilé que l'impulsivité régit, imprévisible et insatiable alors que tu te jettes dans la vie comme on se jette d'un pont.
Une moral qui disparaît, une sagesse déformée alors que malgré ta connexion à cette terre dans un ancrage transcendé, ton esprit dérive toujours sur les eaux de la nouveauté, tes idées. Diplomate et fasciné, changeant du tout en tout sans qu'on ne comprenne vraiment comment alors que ta douceur déphasée peut devenir en un clin d’œil sadisme et cruauté. Un paradoxe vicieux que les cycles régissent sous couvert de drogues, docile et dominant, comme une pièce en perpétuelle mouvement, comme si la fracture de la perte de ta chaire jumelle avait créé le placebo d'un nouvel être. Malade ? Apparemment pas.
Drogué ? Absolument camé.

Le calme de la montagne allié à brasier du volcan quand les passions et la curiosité s'éveillent pour guider tes actions. Amant passionné et ami dévoué autant que dominateur tirant plaisir dans la douleur d'autrui.  
Poupée de chiffon animée pour ne plus jamais s'arrêter.
Poupée complétement bousillée.

Ta naissance commença sur un battement de coeur à l'unisson, cadet d'une fratrie gémellaire où tu poussas ton premier souffle en second, plus petit et chétif qu'Hazel qui s'imposerait au fil des années comme un véritable grand frère malgré les quelques minutes d'écarts vous séparant, protecteur et rassurant, intrépide et téméraire, fort, plus que tu ne le serais jamais, en tout c'était ce que tu disais alors que de cette famille habitué à la gémellité t'étais plutôt l'enfant discret, celui aux grands yeux qui s'ouvrent à la moindre occasion, observant le monde qui t'entourait avec curiosité et soif d'expérimenter, un peu rêveur et souvent distrait alors qu'Hazel incarnait la sociabilité et la détermination.

Tu devais avoir dix ans quand tu fis la rencontre lors d'une de tes excursions en terre sauvage d'un blondinet un peu renfermé. Toute de suite une étrange proximité alors que vos yeux écarlates s'étaient croisés et que sans plus de cérémonie, sans même te présenter, ta main avait saisie la sienne pour l'emmener dans ton endroit secret, arbre creusé au pied d'une marre où les grenouilles croassaient et bondissait. Un jour gravé dans ta mémoire alors que Varuna ferait désormais partie intégrante du reste de ton existence, bien inconscient de là où cela te mènerait. Une simplicité naïve d'un enfant déjà avide de savoir, qui voulait tout voir et pour qui la nature et les animaux était une exploration infinie de beauté et de merveilles fascinantes et attractives provoquant bleus et gamelles en série alors que tu escaladais, tombais, tenter d'approcher un raton laveur offusqué où que tu te précipitais dans l'eau pour patauger dans les nénufars.

Un monde qui ne fit que devenir encore plus beau et intriguant alors que la magie s'éveillait en toi, que tes pouvoirs se manifestaient au travers des éléments constituant ce monde si parfait. Un âge entraînant le début de la formation, alors que ton frère et toi furent envoyés en même que ton cher Varuna à l'école de sorcellerie pour y découvrir les arts magiques. Une soif de savoir déjà prémices de danger alors que se renforçait cet appétit insatiable pour la connaissance par l'expérience, élève distrait alors que tu n'écoutait pas vraiment ces vieux croutons servant d'instructeurs, que tu trépignais souvent, te plaignant que vous testiez jamais rien d'intéressant. Une impatience débile que tu partageais presque exclusivement avec Varuna, alors que séchant les cours tu t'amusais de ces sales tours dont vous aviez le secret, un divertissement pour en apprendre toujours plus sur cette magie.

Une expérience plus qu'amusante t'amenant à un léger cataclysme en puissance alors que toujours ignorant de quel élément ta maîtrise se manifesterait, Feren réussit à te coincer à partie, jaloux du succès de ton jumeau inatteignable directement de par son cercle sociale plus que conséquent il profita d'un jour où tu errais sans Varuna, séchant les cours sans aucun problème de conscience pour aller vadrouiller dehors et profiter des rayons du soleil en méditant tranquillement il te tomba dessus sans crier gare. Tu te souviens de la douleur brutale d'un quelque chose qui s'écrase dans ton dos nu, un souffle coupé alors que perdant ton ancrage tu étais propulsé en avant, un choc et une stupéfaction alors que tu ne comprenais pas ce qui était en train de se passer, jusqu'au coup suivant d'un pied au creux de ton ventre.

"Tu diras à ton batard de frère que Carolina est à moi"

Un temps anormalement long pour que ton cerveau percute, ramené brutalement de sa méditation. Un nouveau coup alors que dans l'ombre des jardins personne ne viendrai t'aider, les cours avaient repris et pour une fois tu n'avais pas entraîné Varuna dans ton incartade, la méditation au soleil c'était pas trop son truc, tu ne voyais pas de raison de lui infliger une énième session. Le grondement d'une colère sourde face à ce sentiment d'impuissance, face à cet abruti qui venait d'insulter ta chaire et qui t'avais pris par surprise, un changement vif et soudain, radical alors que tes doigts s’enfoncèrent dans la terre dans décharge violente de magie, comme si d'un coup ton corps s'était réveillé d'un sommeil de dizaines d'années alors que la terre s'était mise à gronder. Tu te rappelles de son cri terrifié alors que son pied fut stoppé en plein vol par la roche se faufilant sur ses jambes en prison rocailleuse. Tu te souviens de ce sentiment de puissance pleine et en même temps sereine alors que te redressant sur tes pieds tu le fixa d'un air mauvais, un rictus cruel devant son expression paniqué et son impuissance jouissive. Une excitation soudaine alors que tu pouvais sentir la terre comme un prolongement de ton être. Un mouvement puissant du pied pour la fissurer alors que le corps de Feren se faisait doucement emporté dans ses entrailles, tu te souviens de ses cris pitoyables, insupportables alors que crachant le sang qui avait encombré ta bouche tu lui avais collé une boule de papier dans la bouche pour le faire taire. Une excitation jouissive alors que ne dépassait plus de lui qu'une tête terrifiée du sol, sa juste place à n'en pas douter alors que tu t'étais accroupis doucement face à lui. Un sourire amical alors que tu lui soufflais d'une voix neutre et posée.
" La prochaine fois ta tête deviens devient un ballon de foot "

Et puis tu t'étais redressé avant de te détourner en sifflotant, guilleret de cette puissance que tu sentais encore crépiter dans ta chaire, l'abandonnant en te demandant combien de temps on mettrait pour le trouver. Évidemment t'avais finis collé, longtemps, très longtemps, trop longtemps alors que tu avais frôlé l'expulsion, la réputation de tes parents et l'influence de Varuna te sauvant après cet incident. Ce qui ne t'arrêtas pas pour autant alors que continuant vos coups foireux, vous rencontriez bientôt celle qui deviendra la partie manquante d'un monstre à triple visage.

Aeriel.

Douce et belle Aeriel. Sauvage et fragile, intrigante et meurtrie, une évidence face à tout ces autres insipides qui peuplaient l'école à l'exception de ton jumeau, et bien évidemment du plus beau des beaux, Varuna.
Très vite le lien se créa, motivant ta passion des plantes et poisons en tout genre, alors que ses voix étaient un mystère fascinant et qu'il fallait trouver une solution pour qu'elle puisse se débarrasser de cette saloperie de traitement qu'on lui donnait constamment.

La vie continuait et advient ta nouvelle lubie. Celle de voler. Pas simplement léviter où faire semblant , non de voler comme un oiseau, de sentir les sensations et la conscience de ce dernier se mêler à la tienne, un moyen aussi pour te rapprocher d'Aeriel et de ce qu'elle ressentait face à ces intrus dans sa tête. Une entreprise périlleuse que ton frère rejoignit quand tu lui en avais parlé, tout simplement car il trouvait ça fascinant, mais qu'il refusait que tu t'exposes au danger que représenterai l'expérience d'un rituel pareil directement, il serait le premier à tenter, fier et fort comme à l'accoutumé alors que Varuna et Aeriel t'avais suivi dans ta nouvelle lubie. Une lubie qui provoquera cette fracture en toi, la perte d'une moitié, de ton jumeau alors que pendant le rituel lui et le corbeau à travers duquel il devait pouvoir voler perdirent la vie de manière simultanée dans un déchainement de cris et de convulsion. Ignorance totale que ce genre de magie était impossible à matérialiser, malgré toute la réflexion et la conception du rituel visant à le manifester. Le reste est flou, presque brumeux alors que tu te souviens du corps livide de ton frère, son visage calme et paisible devenant pâle et froid, du corbeau tombant lourdement au sol après avoir tenter de prendre son envol. Tu te souviens du choc, de cette tétanie envahissant ton corps et ton âme dans un froid glacial, tu te souviens du cri s'échappant de ta gorge alors que tu réalisais ce qu'il venait de se passer. Tu te souviens des cris, de la déferlante d'un pouvoir inhumain et d'une Aeriel que tu ne reconnaissait pas, un visage mauvais alors que la pièce s'était emplie d'une énergie putride, tu te souviens la voir tomber comme une poupée de chiffon alors que tout d'un coup le bruissement des ailes du corbeau se manifesta dans l'air pour briser le silence interdit. Tu te souviens de l'échange de vos regards alors qu'il s'envolait pour se poser sur ton crâne. Tu te souviens du croassement alors qu'il te colla un coup de boule sur le côté, un geste bien trop familier qu'Hazel te faisait pour te tirer de tes larmes quand vous étiez enfants.
Il était là.
Âme humaine devenu corbeau.

La suite ne fut qu'une série de catastrophe, alors que malgré ça les scènes de cette nuit restèrent gravée, que Meredith tenta à nouveau de tuer ce jumeau que tu avais retrouvé, une profonde culpabilité qui s'ancra comme un cancer dans ton âme à jamais brisée par ce drame malgré les apparences que tu servais à Varuna et Aeriel pour les rassurer.
Le début d'une descente aux enfers alors qu'opium devint ton allié, Marie-Jeanne une amoureuse délicate et champignons une foule d'amants passionnés.
Une descente dans la fuite alors que décidé à priver Hazel de sa seconde chance de vivre, vous furent contraints de fuir l'école et tout ce qu'elle représentait, vagabond et drogué, carcasse désarticulée.
Poupée cassée.